★Macron prépare une rentrée RN-compatible★
Alors que l’été 2022 restera comme l’un des plus chauds et des plus secs depuis qu’on mesure les données climatiques, le gouvernement prépare pour la rentrée un grand débat sur… l’immigration ! Sans égards pour la catastrophe écologique et sociale, Macron compte déjà sur les voix LR et RN pour faire passer ses réformes antisociales et racistes.
Les conséquences du réchauffement et dérèglement climatiques se font déjà sentir. La catastrophe annoncée entraînera une aggravation des inégalités sociales, mais les capitalistes continuent de nier l’urgence. L’été qui s’achève, comptabilise des records de température dans plusieurs villes : 35°C à Toulouse, 39,1°C à Nantes, 40°C à Bordeaux et près de 43°C à Biarritz. La sécheresse qui s’est abattue sur la quasi totalité du territoire est la plus intense que la France ait connue depuis le milieu du XXe siècle. Les incendies qui ont ravagé plus de 50 000 hectares, n’épargnant aucune région, notamment Landes et Bretagne, rajoutent à cette année de tous les records.
La forêt brûle et ils regardent leurs profits
On est loin de la soudaine prise de conscience écologique et des appels au « peuple de gauche », de mise pendant la campagne de l’entre deux-tours de la présidentielle, où Macron semblait découvrir les bienfaits de la planification écologique, reprenant le vocabulaire d’un Jadot ou d’un Mélenchon. L’agenda présidentiel s’est déporté aujourd’hui sur la casse écologique et sociale. Macron réélu, la campagne des législatives qui s’en est suivie a été menée à droite toute, contre le danger gauchiste que représenterait la Nupes… Aujourd’hui 90 député·es RN ou apparentés siègent à l’Assemblée nationale et la session parlementaire qui a suivi a déjà prouvé que le gouvernement s’appuie complaisamment sur les voix de l’extrême droite pour faire passer ses mesures économiques et antisociales.
Les pistes gouvernementales aujourd’hui avancées pour faire face aux conséquences de notre dépendance aux énergies fossiles se résument à demander aux particuliers d’éteindre les lumières ! Alors que de toute part les conséquences du système de surexploitation des ressources de la planète se font ressentir fortement et durablement, la réponse est de ne surtout rien changer à ce système et d’en appeler à la responsabilité individuelle pour que chacun·e fasse un petit geste. Les jets privés continueront de transporter les profiteurs de ce système. L’essentiel est sauf : préserver les profits des exploiteurs capitalistes. La politique du colibri… sauf que la forêt brûle (au sens propre) et qu’il serait plus que temps d’agir en conséquence.
Du côté de la FNSEA c’est le même aveuglement. Agricultrices et agriculteurs sont les premiers à ressentir les conséquences de la catastrophe au quotidien, mais on persiste à promouvoir la compétitivité française sur les marchés mondiaux. Comment répondre à la crise ? Faire toujours davantage la promotion de l’agriculture intensive, et s’appuyer aveuglement sur le solutionnisme scientifico-technologique pour remettre à demain les mesures nécessaires pour un retour à une agriculture paysanne qui n’exploite ni les humains, ni les animaux et préserve notre capital bio-écologique.
Le 3 août dernier Gérald Darmanin annonçait un « grand débat » en prélude à l’examen au Sénat de son projet de loi immigration. Pourquoi annoncer ce débat sur l’immigration en plein été alors que le ministre se félicitait fin juin, d’une majorité assurée pour voter le texte avec les LR (et le RN qu’il a sciemment omis de citer) ? Sans doute pour « parler aux tripes de français » ! Fin juillet encore, Darmanin, niait le manque de moyens pour combattre les feux, mais s’enorgueillissait de ses résultats en matière de répression : 2 500 retraits de titre de séjour et 70 000 refus de délivrance ou de renouvellement de titre depuis octobre 2020 et l’éloignement de « 2 751 auteurs de troubles à l’ordre public » avant quelques jours plus tard d’annoncer fièrement l’ouverture de nouveaux centres de rétention administrative (CRA).
Déclarer sa flamme à la réaction
Anticipant les colères et les oppositions sociales à venir, Macron, bien décidé à mener à bien sa réforme des retraites, allume un contre-feu. Son objectif est d’instaurer un système toujours plus injuste pour les plus précaires et se défaisant des principes de solidarité qui prévalaient jusqu’alors. Car c’est bien le principe de solidarité, foncièrement incompatible avec le système d’exploitation capitaliste, auquel s’attaquent les libéraux partout où il avait été promu au lendemain de la Seconde guerre mondiale. Depuis une quarantaine d’années maintenant les réformes promues par les néolibéraux n’ont de cesse de s’attaquer et d’en finir avec ce qui à leurs yeux apparaît comme aberration : promouvoir la solidarité plutôt que la guerre de tous contre tous.
Dans ce combat les libéraux peuvent compter sur l’appui des réactionnaires de tous poils. En faisant diversion sur la question de l’immigration et en désignant ce qui serait, LE problème, Macron pense pouvoir faire coup double. Face à la crise que nous connaissons, détourner les regards des mesures écologiques et sociales inexistantes et s’allier les voix de la droite et de l’extrême droite.
Concurrents politiques, les libéraux et l’extrême droite ne rechignent pas à s’allier contre les intérêts de notre classe. S’ils partagent la même détestation pour les principes de solidarité, ils ont un autre point commun, leur amour pour les énergies fossiles. Dans son essai, Écofascismes, Antoine Dubiau souligne très justement que « pour l’heure [l’extrême droite] reste davantage préoccupée par la défense du mode de vie occidental dopé aux énergies fossiles que par le ravage écologique en cours ». La défense des énergies carbonées, et au passage des bénéfices qu’en soutirent les capitalistes, c’est défendre le « socle matériel de la civilisation occidentale » [1].
La politique cynique de Macron et des libéraux fait le lit de l’extrême droite. Elle s’est aujourd’hui durablement installée dans le paysage politique et ce sont ses obsessions racistes et sécuritaires qui dictent désormais l’agenda politique des partis de droite, LREM et LR. Libéraux et réactionnaires se nourrissent les uns des autres, mais il est à craindre que l’instrumentalisation des thématiques racistes et réactionnaires à des fins de division du prolétariat ne finisse par installer durablement l’extrême droite au pouvoir. Les conséquences pour les minorités et le mouvement social dans son ensemble seraient catastrophiques. Celles et ceux de notre camp tenté·es par l’accélerationnisme devrait y penser à deux fois : l’extrême droite installée avec les moyens de la machine d’État, c’est l’amplification du niveau de répression.
Ces attaques appellent des réponses fermes du mouvement social. Pour combattre efficacement les réformes antisociales du libéral-autoritaire Macron, l’unité doit être sans faille, mais elle n’est pas suffisante. Face à l’urgence écologique et sociale il faut impérativement être à l’offensive pour imposer un contre-projet pour une société sociale, alternative et solidaire. Combattre les réformes antisociales dans une unité et une fraternité de classe retrouvées, c’est aussi faire reculer les projets racistes du RN et Darmanin. La lutte sociale est une lutte antiraciste. Retrouvons le chemin des luttes !
[1] Antoine Dubiau, Écofascismes, Éditions Grévis, Caen, 2022