Refusons les mégabassines, refusons la privatisation de l’eau
Le week-end du 28 au 30 octobre, des milliers de personnes (sept milles selon les organisateur·ices) se sont réunies à Saintes Soline, à l’appel du collectif Bassines non merci, Les soulèvements de la terre, et soutenu par des dizaines d’associations, syndicats et organisations politiques (dont l’UCL) pour trois jours de mobilisations contre le projet de mégabassines dans le sud des Deux-Sèvres.
Dans la région ce ne sont pas moins de 16 bassines dont celle de Sainte Soline qui risquent d’être construites. Ces gigantesques cratères plastifiés servent à stocker l’eau puisée dans les nappes phréatiques pour l’accaparer afin d’irriguer une agriculture intensive au profit de l’exportation et de l’exploitation animale industrielle.
Le week-end de contestation ayant été interdit par la préfecture, un gigantesque dispositif de répression composé de 1700 gendarmes, 7 hélicoptères, des camions de l’armée, un canon à eau, ainsi qu’un drone étaient à l’œuvre pour intimider, verbaliser et ficher les militant·es. Des contrôles d’identités et des fouilles ont eu lieu en amont (jusqu’à Poitiers) et sur l’immense zone où il était interdit de circuler en véhicule. Sans surprise, lorsqu’il s’agit de défendre un cratère, de l’argent, il y en a : au moins un hélicoptère survolait en permanence le camp.
Malgré cette débauche de moyens mis en place et la violence de la répression, la détermination des manifestant-es de tous âges et l’ingéniosité des organisateur·ices de la journée, nous avons réussi à déjouer les très nombreux barrages qui séparaient le campement et la méga bassine. Les manifestant·es ont ainsi franchi, à pied, à béquilles, en fauteuil roulant, à vélo, les champs et leurs fossés ou haies, mais aussi les lignes de gendarmes qui déployaient tout leur arsenal guerrier : grenades lacrymogènes, de désencerclement, assourdissantes (GM2L remplaçant la GLI-F4), des fusils à marqueurs chimiques, et quelques tirs de LBD.
La diversité des tactiques a su être employée avec brio, notamment en divisant la manifestation en trois cortèges ayant des niveaux d’intensité différents. Le cortège blanc a su tenir en respect la police tout en gardant une intensité de conflit relativement basse (chaîne humaine, farandole mouvante), en empêchant les forces de l’État de tenir une ligne, des brèches se créant grâce au courage et à la détermination des manifestant·es. Des tactiques plus offensives ont également montrées leur efficacité, avec le cortège rouge arrivé en premier sur le site de la bassine.
En effet, au bout d’une heure trente, celui-ci a traversé les grilles de protection avant de se faire très violemment repousser. La répression ayant une fois encore fait des blessé-es et des mutilé·es, alors que le souvenir de la mort de Rémi Fraisse sur la ZAD du Testet dans un contexte similaire de violence policière est encore dans toutes les têtes. Les médics dénombraient samedi soir une cinquantaine de blessé·es dont 4 en état grave.
6 gardes à vues sont aussi à déplorer, avec 4 comparutions immédiates devant le tribunal de justice de Niort ce lundi 31 octobre. Nous transmettons notre soutien aux blessé·es et réprimé·es par ce dispositif de répression démesuré.
Néanmoins, cette journée a pu montrer que par une unité stratégique, mêlant l’ensemble des organisations du mouvement social et travaillant dans une intelligence commune, ainsi qu’une volonté forte et allant dans le même sens, nous pouvons emporter des victoires importantes. Car outre l’envahissement de la bassine, c’est aussi le sabotage d’une des nombreuses canalisations de la bassine qui a été sectionnée ce dimanche 30 par les militant-es, et la construction d’une vigie entourée de palissades.
Les groupes de l’Union communiste libertaire, présents à cette journée, tiennent à saluer l’organisation de ce week-end et nous remercions les camarades qui nous ont accueilli·es et dont la logistique et l’efficacité est à souligner.
Cette lutte contre cet énième projet d’accaparement des ressources, porte en elle la volonté de la construction d’un monde plus juste, débarrassé d’un modèle destructeur d’agriculture, qui s’impose à l’ensemble des populations sans se soucier de l’impact environnemental et des conséquences catastrophiques que cela peut entraîner sur l’écosystème. Nous répondrons présent-es aux futurs appels à se mobiliser, et enjoignons l’ensemble des structures politiques et militantes à investir cette lutte dès que possible.
NO BASSARAN !
UCL Deux Sèvres, le 11 novembre 2022.