Loi Darmanin, la voix de son maître RN
La loi « Asile et Immigration », dite « loi Darmanin », a été votée. Le gouvernement veut faire croire que ce texte ne doit rien au RN. C’est faux. Le RN l’a votée mais, surtout, le RN l’a inspirée. Le quinquennat de Macron signe la victoire de l’extrême droite : la validation institutionnelle et législative de ses fantasmes xénophobes, en total décalage avec la réalité de l’immigration.
Quel que soit l’avenir de cette loi, qu’elle soit promulguée en l’état ou que ses dispositions les plus xénophobes et antidémocratiques soient écartées par le Conseil constitutionnel, un pas est franchi. Jordan Bardella et Marine Le Pen le reconnaissent avec un plaisir non contenu : l’adoption de ce texte est une « victoire idéologique » : fin du droit du sol automatique, rétablissement du délit de séjour irrégulier, privation de prestations sociales, automatisation des OQTF, instauration de quotas migratoires fixés par le Parlement, durcissement des conditions d’accueil, d’hébergement, d’études de l’ensemble des étrangers. François Hollande faisait scandale en l’évoquant en 2015, la déchéance de nationalité est désormais légale, pour tout-e français-e binational-e coupable d’un meurtre sur personne dépositaire de l’autorité publique.
Ce texte marque une étape grave dans la fascisation de la vie politique française. Il signe la mort des derniers lambeaux de la droite « républicaine » , définitivement sous la coupe du Rassemblement National. Il est le symbole d’un gouvernement libéral qui a cédé aux exigences de l’extrême droite pour se maintenir au pouvoir. Il démontre l’inefficacité de la seule voie parlementaire et d’un prétendu « arc républicain » pour défendre les intérêts de notre classe via une gauche parlementaire minoritaire, incapable de faire contrepoids à cette marche qui parait inexorable vers un pouvoir fascisant. Et ce n’est que le début, afin d’avoir un accord la première ministre n’a pas hésité à marchander l’AME, qu’elle prévoit de réformer en janvier.
Pire, les institutions républicaines ont prouvé aujourd’hui qu’elles pouvaient servir de marchepied pour l’extrême droite afin de renforcer ses idées, qu’elle soit ou non au gouvernement. L’extrême droite ne se lisse pas avec l’exercice du pouvoir et la « normalisation », elle est au contraire un poison qui contamine son environnement.
Face à cette immonde loi Darmanin, notre seule possibilité est de mener une intense mobilisation antiraciste et antifasciste, unitaire, populaire et solidaire, à tout les niveaux et sur le temps long. Aux côtés des collectifs de sans-papiers, des syndicats, des organisations antifascistes, au sein de la campagne Antiracisme et Solidarité, nous devrons lutter sans relâche contre la fascisation en marche et son racisme décomplexé. Pour protéger celles et ceux que nous fréquentons quotidiennement sur nos lieux de travail et de vie des effets futurs de cette lois, il va être nécessaire de construire des réseaux de résistances et de solidarités concrètes.
Les extrêmes droites, de rue ou institutionnelles sont à combattre partout, tout le temps. Aujourd’hui, plus que tout, la solidarité est notre arme contre le racisme et le fascisme.