Journée internationale du Souvenir Trans – Trans Day of Remembrance (TDoR) : Pas une victime de plus !
L’assassinat est un crime qui fascine autant qu’il suscite l’incompréhension. Il serait tentant de désigner les meurtriers comme des monstres inhumains. Il serait tentant de se contenter de notre tristesse, de faire appel à l’empathie pour essayer de rallier derrière nous l’opinion publique. Cette façon dépolitisée de commémorer les victimes est très confortable pour le pouvoir en place, qui peut manifester sa compassion tout en étant assuré de ne pas être désigné comme responsable.
Cependant, dans le cas de la transphobie, le meurtre n’est que la forme ultime de tout un continuum de violences exercées contre les personnes trans. Des violences qui sont entretenues par les institutions comme l’État et qui sont directement liées au contexte politique dans lequel elles se produisent.
Les personnes qui s’empressent de pathologiser les auteurs de ces actes en les qualifiant de « fous isolés » sont souvent les mêmes qui participent activement à entretenir un climat de haine, créant ainsi un terreau favorable à la perpétration de ces crimes.
Si le nombre de victimes de la transphobie ne diminue pas d’année en année, c’est bien en partie du fait de l’offensive mondiale actuelle menée par les milieux réactionnaires ou fascistes contre les droits des personnes trans. Ce nombre de victimes est particulièrement élevé au Brésil, au Mexique ou aux États-Unis. Dans ce dernier pays, l’élection de Trump, qui a fait de la transphobie un de ses arguments de campagne, fait craindre le pire.
La France n’est pas épargnée. En 2022, année où le Planning Familial a été violemment attaqué par les sphères de droite et d’extrême-droite pour son soutien affiché aux parentalités trans, les agressions transphobes recensées en France ont augmenté de 20% par rapport à l’année précédente. Ce mois de juillet, alors que la propagande haineuse menée par les militant·es anti-trans français·es battait son plein et était relayée par les médias détenus par Vincent Bolloré, la communauté était secouée par les meurtres à quelques jours seulement d’intervalle de deux femmes trans, Angelina et Géraldine.
Au total dans le monde, 350 meurtres pour motifs transphobes ont été reportés en 2023. Ces chiffres sont à prendre avec des pincettes : il ne s’agit là que de ceux qui ont été recensés et on peut imaginer qu’ils se situent bien en dessous de la réalité. De plus, il est important de remarquer que toutes les personnes trans ne sont pas touchées de la même manière. Les victimes, ainsi, sont presque toujours des femmes. Les personnes racisées et/ou travaillant dans le domaine du sexe sont aussi particulièrement sur-représentées.
Enfin, parmi les victimes de la transphobie qu’en est-il de toutes les personnes qui, parfois abandonnées de leurs proches, précarisées, méprisées, harcelées, auxquelles on refuse l’accès à des soins vitaux, finissent par se suicider faute d’avoir de meilleure façon de sortir de leur dépression ? Ces victimes-là, nous ne les comptons même plus, et pourtant chacune d’elle avait un nom, une vie, une histoire. Ces victimes-là sont particulièrement impactées par des lois comme celle proposée par LR et validée par le sénat en mai dernier, qui a pour but d’interdire aux mineur.es trans l’accès aux hormones et aux bloqueurs de puberté alors que toutes les études sur le sujet laissent entendre que les pensées suicidaires diminuent grandement avec l’accès à ces soins. Ces victimes-là, souvent précaires, handies ou encore en situation d’illégalité sont les premières touchées par les coupes budgétaires dans les aides sociales annoncées par le gouvernement Barnier.
Nos luttes trans sont des luttes hautement politiques. Elles ne peuvent être que féministes, antifascistes, anticapitalistes. Elles rejoignent nos actions pour le service public, contre le racisme et contre le validisme. Elles se font dans nos contre-pouvoirs trans, mais aussi nos organisations féministes ou syndicales. Faisons converger nos luttes. Faisons entendre nos voix dans tous nos cercles militants et pas seulement nos milieux communautaires. Parce qu’ensemble, nous sommes plus fortes et plus forts.
Parce que chaque victime de la transphobie est une victime de trop. Parce que nous nous souvenons de chacun·e d’entre elles et que nous réclamons justice. Parce que les principaux coupables s’en sortent toujours.
Luttons pour mettre fin au patriarcat, au capitalisme et à l’Etat !
Pour en savoir plus sur notre positionnement et notre implication dans les luttes trans. Une motion qui réaffirme le soutien de l’UCL aux luttes trans et en dresse les contours idéologiques, revendicatifs et stratégiques.
Union communiste libertaire, le 20 novembre 2024