Attentat terroriste contre le CDKF : solidarité internationaliste et féministe avec le mouvement de libération du Kurdistan!
Malgré les éléments de langage du gouvernement français et des médias qui ne parlent que d’un acte raciste, le caractère politique et terroriste de l’attaque du centre démocratique culture kurde à Paris le 23 décembre 2022 ne fait aucun doute. Les attaques contre le mouvement de libération du kurdistan, qu’elles aient lieu au Kurdistan ou ailleurs, ciblent bien souvement le mouvement des femmes car elles sont au coeur du processus révolutionnaire. Soyons nombreuses et nombreux le 7 janvier à Paris pour démontrer notre solidarité internationaliste et féministe avec le mouvement de libération du Kurdistan et réclamer vérité et justice pour les martyrs !
Vendredi 23 décembre 2022, nous avons perdu trois camarades kurdes : Emine Kara, Mîr Perwer, Abdurrahman Kizil.
Emine Kara (Êvîn Goyî) a rejoint le mouvement de libération du Kurdistan il y a plus de 30 ans et a milité pour la libération des femmes et de son peuple dans toutes les régions du Kurdistan. À partir de 2014, elle combat l’État Islamique en Syrie puis, blessée lors de la libération de Raqqa, elle se rend en France pour recevoir des soins. En France, elle a repris l’animation du mouvement des femmes kurdes, malgré le refus de l’État français de lui accorder l’asile. C’est à ce mouvement de libération des femmes au Kurdistan que l’on doit le slogan « Jin, Jiyan, Azadî » (Femme, Vie, Liberté) repris aujourd’hui en Iran et partout dans le monde.
Mîr Perwer était un chanteur originaire du Bakur (Kurdistan de Turquie), où il était poursuivi en raison de ses activités politiques et notamment pour son soutien au HDP (Parti démocratique des peuples).
Abdurrahman Kizil était aussi réfugié du Bakur, un militant infatigable de la cause kurde depuis plus de 40 ans, un « welatparez » (terme utilisé pour parler des militants⋅es civils du mouvement de libération du Kurdistan, souvent traduit à tort par patriote) qui venait chaque jour au centre Ahmet-Kaya participer à ses activités.
Ces 3 militant.es tombé.es en martyrs viennent s’ajouter à d’autres : Sakine Cansiz (Sara), Leyla Saylemez (Rojbîn) et Fidan Dogan (Ronahî) mortes assassinées en janvier 2013 à Paris ; ainsi qu’à toutes celles et ceux tombé·es au combat face à l’armée turque, ses milices et Daech.
Les femmes au cœur de la révolution au Kurdistan
La révolution pour le confédéralisme démocratique est une révolution des femmes et elles en paient le prix fort. Ce 23 décembre, à l’heure où le terroriste est venu attaquer le centre culturel kurde à Paris, une réunion du mouvement des femmes kurdes devait se tenir. Par chance, elle avait dû être repoussée d’une heure. Dans le cas contraire, il y aurait eu un massacre de plusieurs dizaines de militantes. De l’assassinat de Sakîne, cofondatrice du PKK et figure de la révolution des femmes, Leyla, Fidan à Emine Kara aujourd’hui, et des assassinats politiques de cadres du mouvement des femmes au Bakur (Kurdistan de Turquie) aux frappes ciblées de drones sur les militantes des organisations autonomes des femmes au Rojava (Kurdistan syrien), la stratégie est la même. Les ennemis de la révolution kurde, de Daesh à l’État turc d’Erdogan, savent que les femmes sont au cœur du processus révolutionnaire et en font des cibles prioritaires pour détruire le mouvement.
Une attaque terroriste contre un projet politique émancipateur
Macron, Darmanin ou Borne ne parlent que d’une « odieuse attaque », d’un acte isolé d’un raciste « qui voulait manifestement s’en prendre à des étrangers », refusant de qualifier cette attaque d’attentat terroriste. L’enquête n’étant pas confiée au parquet anti-terroriste, les médias emboîtent le pas au gouvernement et reprennent ses mots, sa propagande.
Le doute n’est pourtant pas permis sur le caractère terroriste et politique de l’attaque du 23 décembre quand on sait qu’à l’heure de l’attaque devaient se réunir des représentantes du mouvement des femmes kurdes pour préparer la manifestation du 7 janvier et que les trois lieux visés sont kurdes alors que beaucoup d’autres nationalités sont présentes dans ce quartier.
Les militant·es kurdes se battent depuis longtemps contre des ennemis qui n’hésitent pas à assassiner, torturer, utiliser des armes chimiques pour asseoir leur domination. Le mouvement de libération du Kurdistan répond aujourd’hui par le slogan qu’on peut lire sur les banderoles et les pancartes : « Notre vengeance sera la révolution des femmes ». La répression violente sans discernement des cortèges d’hommage aux camarades assassiné·es le 23 décembre ne fait que renforcer la colère des militant·es kurdes et de leurs ami·es envers cet État qui réprime systématiquement au lieu de protéger et porte une part de responsabilité dans ces événements.
C’est pourquoi le 7 janvier nous serons à nouveau dans la rue pour obtenir vérité et justice pour les camarades assassiné·es à Paris, notamment par la levée totale du secret défense qui entoure ces crimes, et pour réaffirmer notre soutien à la révolution au Nord et à l’Est de la Syrie et son projet de société basé sur la libération des femmes, la démocratie radicale et l’écologie qui est une véritable source d’inspiration. Il est primordial de réaffirmer notre solidarité avec le peuple kurde en lutte et de défendre cette révolution qui nous ouvre la voie.
Nous invitons toutes les organisations politiques, syndicales et associatives à se mobiliser massivement le 7 janvier à partir de 11h à la Gare du Nord de Paris.
Halte à l’impunité ! Vérité et justice pour Fidan, Sakîne, Leyla, Abdhurahman, Mîr, Emine ! Levez le secret défense ! Arrêtez Erdogan ! Retirez le PKK des organisations terroriste !